On entend souvent la phrase « Il n’y a rien à faire pour atteindre l’éveil, il n’y a rien à chercher car tout est déjà là ». C’est une phrase très mal comprise. On croit que si on part de l’état dans lequel nous sommes actuellement, c’est-à-dire non éveillé, il n’y a rien à faire pour atteindre l’éveil. Conclusion : les adeptes ajoutent une couche de dénis sur leur désir de libération et s’installent dans une anesthésie stérile qui peut durer plusieurs dizaines d’années. C’est le frein principal à l’éveil spirituel dans nos sociétés. Cette attitude est une grossière erreur.
De la même manière, on entend « il ne faut rien vouloir ». Dés que vous entendez « il faut », c’est qu’il y a un problème derrière la phrase. Le « il faut » sous-entend déjà un vouloir. Donc vouloir un non vouloir va crée à nouveau une couche de déni. Le seul et unique vouloir qui puisse valoir la peine est celui d’avoir plus de conscience de qui on est. On en parlera plus tard. Ici, au contraire il faut tout vouloir, c’est un élan aussi puissant que cela qui vous donnera l’énergie pour suivre ce chemin difficile. Vous atteindrez alors la racine même de la soif du vouloir et vous vous apercevrez que ce n’est pas que ce que vous croyiez qui calme cette soif mais tout autre chose qui est là en permanence et à profusion. Vous pourrez alors vous abreuver à l’infini de cette source intarissable.

Il faut bien comprendre que nous sommes tous en train de faire quelque chose quand nous croyons ne rien faire. C’est ce que le sage Patanjali appelle “les fluctuations du mental”. C’est un processus automatique inconscient.
C’est quand nous arrivons à limiter, réduire cette activité du mental que nous nous rapprochons de l’éveil et que les réponses viennent d’elles même. Il n’y a effectivement rien à construire, mais il y a plutôt à déconstruire.
Dans le livre « Conversation avec Dieu » de Neale Donald Walsh, l’auteur demande à Dieu pourquoi il ne nous parle pas. Et Dieu lui répond, je te parle souvent, mais tu ne m’écoutes pas, trop occupé à parler toi-même sans cesse.
Donc, c’est cela, nous devons arrêter de parler, arrêter de parler dans notre tête. Les toltèques essaient de résoudre ce problème en ne croyant plus le contenu de leurs pensées et de leurs jugements. Petit à petit la pensée se tarit.
Nous pouvons aussi nous placer dans un état de conscience de l’instant présent comme le préconise Eckart Tolle, les pensées deviennent alors rares.

Cependant, le processus mental ne se limite pas aux pensées. C’est tout un ensemble où sont liés émotions, archétypes, pensées, jugement, intentions. Nous nommons ce processus « prison égotique » dans le Wuji Care.
Pour résumé, la perception que nous avons du monde est filtrée par le contenu de nos croyances. Nous avons des intentions inconscientes derrière ce filtre : Rester cohérent avec nous même, cacher nos émotions douloureuses, etc. Notons en passant l’importance de savoir lire nos intentions cachées et celles des autres comme le préconise le 5ème accord toltèque.
Ensuite nous jugeons ce que nous percevons, en bien ou mal, en positif ou négatif, tout cela toujours en fonction de nos croyances et intentions. Nous nourrissons sans cesse un corps d’émotions et de croyances. Ce corps est appelé corps de souffrance et de désir. C’est une personnalité illusoire, relique de nos expériences passées ainsi que des archétypes de notre espèce. C’est un corps de croyances qui va ensuite induire les filtres de notre perception du monde. Ainsi la boucle est bouclée et on en sort plus. Donc il n’y a pas “rien à faire”, c’est le contraire, par contre quand on commence à en sortir, on se demande pourquoi on faisait tout ce cirque, tout ce cinéma.
Ce cirque, Patanjali le nomme « Fluctuations du mental ».
